Le réseau Cohors

Jean Cavaillès (1903-1944)À la suite de son premier voyage à Londres en mars-avril 1942, Christian Pineau, à la tête du mouvement Libération-Nord, se voit confier par le Bureau central de renseignements et d’action de la France libre, la création du réseau de renseignements Phalanx avec une antenne dans chaque zone. Pour la zone nord, la direction est confiée à Jean Cavaillès, éminent philosophe et mathématicien, avec comme adjoint, son ancien élève Jean Gosset. Si les services de transmission sont à l’origine communs, la nécessité se fait bientôt sentir, par souci de sécurité, de devenir autonome.

Cavaillès s’émancipe de la tutelle de Phalanx aux orientations trop politiques. C’est lors de sa mission à Londres de février à avril 1943 que se concrétise le détachement de Cohors qui fait de la collecte de renseignements économiques et militaires, sa spécialité. Est créée au même moment une section « action » confiée à Jean Gosset. Cavaillès recrute son beau-frère, Marcel Ferrières et groupe autour de lui des hommes et des femmes de milieux divers (polytechniciens comme lui, industriels, scientifiques tels le physicien Yves Rocard). Le réseau s’implante en région parisienne, puis dans le Nord, en Belgique, en Normandie et Bretagne.

Deux missions spéciales sont confiées à Cavaillès : le sabotage dans les magasins de la Kriegsmarine en Bretagne et, réalisée par Yves Rocard, l’inspection des radiophares allemands sur les côtes. Après de multiples arrestations en Normandie et à Paris dont celle de Cavaillès fin août 1943, Jean Gosset remonte le réseau durement touché qui, sur ordre de Londres, se régionalise, les branches « renseignement » et « action » se séparent puis il prend le nom d’Asturies. La direction devient collégiale.