Le quotidien du Résistant

Dactylo se conjugue au féminin. Outre la frappe des tracts et des journaux, les femmes ont été aussi agents de liaison tout en assurance la logistique. Elles ont été des intendantes de la Résistance selon la formule de Claire Andrieu.Les "résistants" ne sont pas des combattants ordinaires. En s’opposant à l’Occupation et au gouvernement de Vichy, les hommes et les femmes ont fait un choix individuel qui les conduit à faire partie d’un groupe solidaire. Dans cette lutte hors du commun, tout ou presque est à inventer. Le terme même de Résistance n’existe pas lorsque Christian Pineau et Robert Lacoste évoquent dans un bureau de la Caisse des Dépôts et Consignations la possibilité de faire quelque chose.

La fabrication de tracts puis d’un journal s’impose comme le meilleur moyen de recruter des adhérents mais il faut agir dans la plus totale discrétion. Le mot d’ordre est de conserver une vie banale pour préserver le plus longtemps possible les siens. Pineau conserve sa situation au ministère du Ravitaillement, Yvonne Tillaut est employée à la caisse d’assurances sociales. Gare aux allées et venues trop nombreuses qui éveillent la curiosité de collègues ou de voisins. Recevoir trop de visites à des heures inhabituelles peut s’avérer redoutable d’où le recours à des lieux neutres tels que des cafés pour se réunir. Changer d’adresse, revêtir une fausse identité devient le lot commun du résistant ce qui complique la tâche quand on sait que le système de cartes se généralise pour le ravitaillement, l’habillement… Dans la correspondance pour éviter d’être reconnu, Pineau revêt le pseudo de Garnier et pour le journal, François Berteval, Jean Texcier celui de Serge Boze. Pour circuler, le résistant adopte le mode de locomotion privilégié à l’époque : la bicyclette.

Celle-ci permet d’arriver à l’heure aux rendez-vous et de camoufler mots d’ordre et messages dans les pneus ou le guidon. Loin de l’image mythique que présente le cinéma, le quotidien du résistant, en dépit des moments d’exaltation, est une lutte constante pour déjouer les pièges de l’arrestation.