Agents de liaison

Marcjanna Marcinkowski devant le salon de coiffure de ses parents, résistants de Libération-Nord, le 25 août 1944.Les jeunes gens âgés de dix-huit à vingt-cinq ans ont été nombreux à s’enrôler dans un mouvement de Résistance où leur engagement les a conduits à remplir les tâches d’agents de liaison.

En effet, les résistants se méfient de la poste sous contrôle allemand comme le télégraphe et le téléphone. Pour remplacer la poste, ils doivent créer une véritable organisation parallèle. Ils assument eux-mêmes la remise des plis aux agents de liaison qui les déposent dans les boîtes aux lettres. Les amis sûrs ou les membres du mouvement se voient dépositaires des courriers qui ne peuvent être envoyés aux responsables-clandestins sans domicile fixe. Aux agents de liaison est dévolu un rôle de « facteur ». Ils utilisent la bicyclette qui n’attire pas l’attention de l’ennemi. La discrétion, le courage, la disponibilité, la rapidité, sont autant de qualités requises. C’est pourquoi ce sont presque toujours de jeunes garçons et filles capables de passer leurs journées en courses harassantes ou de faire des voyages longs et pénibles dans les trains où ils doivent se méfier de leurs voisins.

Agnès de la Barre de Nanteuil, 20 ans, sort avec l’accord de sa mère de son cadre social et familial, pour rejoindre, à la fin de l’année 1943, le mouvement Libé-Nord, important en Bretagne. Elle devient alors l’agent de liaison Claude et son rôle consiste à transmettre les instructions des chefs de réseau aux différents agents. Elle circule sur un vieux vélo et ses missives sont cachées dans le guidon de sa bicyclette et la doublure de ses vêtements. De même, Pierre Fortassier, jeune normalien de la rue d’Ulm, sert d’agent de liaison à Marthe Norgeu, à la tête de l’imprimerie familiale de Belleville.

Des jeunes enfants comme Gilbert Pineau ont fait office d’agents de liaison sans connaître la teneur des messages qui leur étaient confiés, d’autres, comme Marcjanna Marcinkowski, ont guidé des aviateurs alliés dans leur retraite par les toits de Paris. Tous mesuraient le danger encouru.