Les femmes dans la résistance

S’il est difficile d’évaluer avec précision leur nombre, les femmes ont été des résistantes à part entière. Politiquement parlant, les femmes n’ont aucun droit civique et sont considérées comme de perpétuelles mineures ce qui ne les empêche pas de prendre leurs responsabilités dès que la Résistance se met en place.

Souvent constituées de gestes banals et répétitifs, la résistance féminine a du mal à émerger. Elles se sont adaptées aux modalités de l’action clandestine alors que leur héritage politique et culturel ne les y préparait pas et c’est "par" et  "autour" d’elles que s’articule la quotidienneté de la Résistance comme l’écrit l’historien Laurent Douzou. Les activités que la plupart mènent en font des "intendantes" selon la formule de l’historienne Claire Andrieu. Elles hébergent, nourrissent, recousent les vêtements des aviateurs alliés ou des résistants, comme Madame Goyet chez qui Christian Pineau se réfugie et qui s’épuisant à la tâche lui dit  "c’est pour la France".

Cependant, courant les mêmes risques que leurs camarades masculins, elles sont aussi agents de liaison, chargé(e)s de convoyer le courrier, de diffuser les messages. Ainsi Agnès de la Barre de Nanteuil qui à l’exemple de sa mère Sabine seconde efficacement le général Audibert à la tête de Libération-Nord en Bretagne jusqu’à son arrestation à l’été 1944. Affreusement torturée la jeune fille meurt dans le train qui la conduit en déportation.

Odette Pilpoul, secrétaire-générale adjointe de la Mairie du 3e, plus tard honorée du titre de Juste parmi les Nations, établit des faux papiers pour les rebelles, les juifs qu’elle cache au péril de sa vie. Le secrétariat est presque entièrement entre leurs mains tout comme la confection du journal Libération-Nord. Ce sont elles qui tapent les articles, confectionnent les tracts, tirent le journal. Yvonne Tillaut-Houben assume ce rôle durant un long moment. Mimi Gazier épouse d’un des douze signataires, est à la fois dactylo, agent de liaison et mère de remplacement pour Gilbert Pineau.

Chevilles ouvrières de la Résistance, elles ont repris le cours de leurs activités après guerre sans attendre aucune récompense. L’assemblée consultative provisoire d’Alger reconnaissant le rôle des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale leur octroie le droit de vote le 24 mars 1944.