Naissance de Libération-Nord - automne 1940

Libération N° 160 - 21 décembre 1943

S’opposer aux consignes données ne va pas de soi en zone occupée car cela suppose de courir de gros risques face aux Nazis qui ont entre les mains tous les leviers de commande et les moyens de répression. Cela exige de passer outre à la loi de Vichy, au gouvernement du Maréchal et de rompre avec la culture d’obéissance envers l’État.

Ce qui permet à quelques-uns dont Christian Pineau de réagir plus vite ce sont les affinités politiques, professionnelles… Lui-même se sert de son appartenance syndicale pour tenter de “faire quelque chose”. Après la rédaction du Manifeste des Douze diffusé dans les deux zones, Pineau veut aller plus loin et se servir d’une couverture quasi légale pour rédiger un journal clandestin.

Pour lui, il faut exploiter les nombreux sujets de mécontentement dont il est témoin?: démontrer que le potentiel industriel de la France est tombé aux mains de l’Occupant qui ne se gêne pas pour effectuer de lourdes ponctions de matières premières chères (cuir, laine, charbon…), insister sur le million et demi d’hommes prisonniers en Allemagne. Il faut aussi ouvrir les yeux sur les premières mesures discriminatoires envers les Juifs, sur la manière dont tous les habitants doivent se plier au bon vouloir des Allemands, en un mot, réanimer le souffle patriotique en veilleuse. Enfin le nazisme, la façon dont le maréchal Pétain s’est rangé du côté des vainqueurs et la collaboration doivent être dénoncés sans équivoque. Sur une petite machine portative cachée dans sa cave, Christian Pineau tape un certain nombre d’articles sur des sujets d’actualité, se sert de renseignements fournis par la radio anglaise, y ajoutant des commentaires personnels ainsi qu’un éditorial.

La feuille clandestine sort le 1er décembre 1940 tapée recto-verso, tirée en 7 exemplaires. Yvonne Tillaut-Houben, employée à la Caisse d’Assurances Sociales de la CGT, se montre une collaboratrice précieuse car elle utilise la ronéo de son lieu de travail. Cela permet d’augmenter assez vite le tirage. Les 61 premiers numéros de Libération-Nord sont entièrement rédigés par Christian Pineau qui signe François Berteval ou Capitaine Brécourt. Tout en étant l’œuvre d’un seul homme, le journal Libération-Nord permet de nouer des contacts autour desquels se crée un mouvement qui prend son nom. Outre les “Douze”, les premiers diffuseurs et militants se recrutent parmi les syndicalistes de province puis auprès de personnalités qui jouent un rôle important par la suite, René Parodi ou le philosophe Jean Cavaillès.

Avis allemand interdisant aux Français d’héberger des aviateurs alliés
Avis allemand à propos des aviateurs alliés
Crédit : Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin (Ville de Paris)
Avis allemand interdisant aux Français d’héberger des aviateurs alliés
Cliquer sur l'image pour l'agrandir et pour voir la série d’images si elle existe
Avis allemand à propos des aviateurs alliés
Crédit : Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin (Ville de Paris)

Avis allemand interdisant aux Français d’héberger des aviateurs alliés, signé du Militärbefehlshaber in Frankreich (haut-commandement militaire allemand en France) fin 1941.



Collection : Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin (Ville de Paris) - Type d'objet : Affiche - Date: Fin-1941 - Numéro d'inventaire : cote 341 - Dimensions : 82*120
René Parodi (1904-1942)
René Parodi (1904-1942)
Crédit : Musée de l’Ordre de la Libération, Paris
René Parodi (1904-1942)
Cliquer sur l'image pour l'agrandir et pour voir la série d’images si elle existe
René Parodi (1904-1942)
Crédit : Musée de l’Ordre de la Libération, Paris

Magistrat de formation, René Parodi est avec Christian Pineau le fondateur du Comité d’études économiques et syndicales en octobre 1940, sans être du groupe des douze, qui donne naissance au mouvement Libération-Nord dont il devient membre du comité directeur dès sa création en décembre 1941.

En mars 1942, son  groupe réussit à éclairer les usines Renault de Boulogne-Billancourt, lors d'un bombardement anglais sur la région parisienne, occasionnant des dommages importants. Entre-temps, le 6 février 1942, René Parodi est arrêté par la Gestapo à son domicile parisien et incarcéré à la prison de Fresnes. Refusant de parler malgré les tortures, il est retrouvé, pendu dans son cachot, le 16 avril 1942, vraisemblablement exécuté. Il est fait Compagnon de la Libération le 20 novembre 1944.



Collection : Musée de l’Ordre de la Libération, Paris - Type d'objet : Photo - Date: 02/1941 -
Journal "Libération l'hebdomadaire des Français libres", n°160
Journal "Libération l'hebdomadaire des Français libres", n°160
Crédit : Association Libération Nord
Journal "Libération l'hebdomadaire des Français libres", n°160, Journal "Libération l'hebdomadaire des Français libres", n°160, Journal "Libération l'hebdomadaire des Français libres", n°160, Journal "Libération l'hebdomadaire des Français libres", n°160
Cliquer sur l'image pour l'agrandir et pour voir la série d’images si elle existe
Journal "Libération l'hebdomadaire des Français libres", n°160
Crédit : Association Libération Nord

"Naissance de Libération" Libération-Nord, le  n°160 du 21 décembre 1943 évoquant la naissance du journal Libération en 1940, rappelle le rôle de ses premiers fondateurs dont « un jeune magistrat », en l’occurrence René Parodi.

Association Libération Nord Association Libération Nord Libération 21*27 S4170 21/12/1941



Collection : Association Libération Nord - Type d'objet : Libération - Date: 21/12/1941 - Dimensions : 21*27
Affiche : "La relève commence"
Affiche : "La relève commence"
Crédit : Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin (Ville de Paris)
Affiche : "La relève commence"
Cliquer sur l'image pour l'agrandir et pour voir la série d’images si elle existe
Affiche : "La relève commence"
Crédit : Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin (Ville de Paris)

Affiche réalisée par les  services de propagande allemande pour susciter le départ volontaire d’ouvriers français vers l’Allemagne en échange du retour de prisonniers de guerre; cette politique est mise en œuvre par Pierre Laval, chef du gouvernement,  ORAFF, 1942.



Collection : Musée du général Leclerc/Musée Jean Moulin (Ville de Paris) - Type d'objet : Affiche - Date: 1942 - Numéro d'inventaire : 2010.23.1 - Dimensions : 79*113
Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres" n° 97
Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres" n° 97
Crédit : Bibliothèque nationale de France, Paris
Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres" n° 97 , Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres" n° 97
Cliquer sur l'image pour l'agrandir et pour voir la série d’images si elle existe
Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres" n° 97
Crédit : Bibliothèque nationale de France, Paris

"Les cent trente trois mille" (la relève) Libération-Nord, n°97 du 9 octobre 1942 fait sa « Une » sur l’échec de la relève  malgré le battage de la propagande et ironise sur les propos de Rudolph Schleier adjoint de Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne en France, trouvant qu’il y a encore trop d’hommes à Paris.

Libération se fait aussi l’écho des protestations de l’Eglise contre les rafles de Juifs.



Collection : Bibliothèque historique de la Ville de Paris - Type d'objet : Libération - Date: 10/1942 - Dimensions : 21*27
Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres", n°67
Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres", n°67
Crédit : Bibliothèque nationale de France, Paris
Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres", n°67, Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres", n°67
Cliquer sur l'image pour l'agrandir et pour voir la série d’images si elle existe
Journal "Libération, L'Hebdomadaire des Français libres", n°67
Crédit : Bibliothèque nationale de France, Paris

 "Sacrifice nécessaire"     (Bombardements des usines Renault) Libération-Nord, n°67 du 15 mars 1942 soutient la nécessité du bombardement anglais sur les usines Renault à Boulogne-Billancourt car elles produisent pour la machine de guerre allemande. Le journal rejette la responsabilité des ouvriers morts sur l’Allemagne.



Collection : Bibliothèque nationale de France, Paris - Date: 15/03/1942 - Dimensions : 21*27
Revue de la presse libre, n°27
Revue de la presse libre, n°27
Crédit : Association Libération Nord
Revue de la presse libre, n°27, Revue de la presse libre, n°27
Cliquer sur l'image pour l'agrandir et pour voir la série d’images si elle existe
Revue de la presse libre, n°27
Crédit : Association Libération Nord

Revue de la Presse libre, supplément au Courrier de l’Air n°27,  novembre 1942  apporté par la R.A.F, distribué par les patriotes français, évoquant le sabordage de la flotte française à Toulon le 26 novembre 1942.



Collection : Association Libération Nord - Type d'objet : Presse - Date: 11/1942 - Dimensions : 21,5*26,3

Pages